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Viol présumé à l’InterContinental : après le classement sans suite, le syndicat contre-attaque

©CP/Radio1

O Oe To Oe Rima demande la réintégration immédiate des quatre salariés licenciés. Et menace l’hôtel InterContinental de Moorea de grève s’ils n’obtiennent pas gain de cause.

Me Stanley Cross tenait mercredi matin une conférence de presse pour faire le point sur l’affaire de viol présumé à l’InterContinental de Moorea, au siège de la confédération syndicale, entouré des quatre hommes licenciés le 23 septembre dernier, et de leurs épouses. Au terme d’une enquête des brigades de gendarmerie de Moorea et de Faa’a, puis d’une évaluation du dossier par la vice-procureure de la République, le dossier a été classé sans suite le 17 octobre dernier.

« Ce n’est pas un classement sans suite pour faute de preuves, pas du tout, dit Stanley Cross, mais parce qu’il y a trop de contradictions, trop de mensonges dans ce dossier. » L’avocat des quatre hommes a insisté sur le fait que l’enquête de gendarmerie, très poussée selon lui, avait été menée par une femme, et clôturée sans suite par une autre femme, la vice-procureure de la République. Et qu’elle a mis au jour des incohérences, concernant notamment le jour, l’horaire et le lieu où se seraient passés les faits décrits par la jeune employée de l’hôtel.

Une instrumentalisation de la victime « pour en découdre avec le syndicat », selon Me Cross

Mais Stanley Cross a précisé : «  Je ne suis pas là pour blâmer la victime. Je condamne la direction de l’hôtel de Moorea qui s’est conduit de manière totalement irresponsable. » Il accuse l’InterContinental d’avoir monté le dossier de toutes pièces en instrumentalisant la jeune femme, pour nuire au syndicat majoritaire à l’hôtel de Moorea. « J’ai la conviction que la direction de l’hôtel et le directeur de l’hôtel, Monsieur Jean-Louis Detaille, a manipulé cette victime, a exploité ces accusations pour mettre à pied quatre employés et surtout en découdre avec le syndicat O Oe To Oe Rima, parce qu’il s’avère que le syndicat O Oe To Oe Rima est majoritaire dans les hôtels InterContinental, et là on a voulu faire un exemple.»

La plainte pour dénonciation calomnieuse qu’avaient déposé les quatre hommes contre la direction au lendemain de leur mise à pied sera maintenue, dit Stanley Cross. « Nous ne comptons pas en rester là », dit-il, d’autant plus que leur licenciement pour faute grave (harcèlement sexuel, ndlr) s’appuie sur des témoignages anonymes, ce que la Cour de cassation a jugé irrecevable dans des cas similaires, assure l’avocat. Et il demande le départ de Jean-Louis Detaille, le directeur de Moorea.

La direction estime toujours les licenciements justifiés

Guillaume Epinette, le directeur des hôtels InterContinental pour la Polynésie, rappelle pour sa part que le classement sans suite ne concerne pas les faits de harcèlement sexuel qui ont valu aux quatre hommes d’être licenciés, et que cette décision de la direction est justifiée par le code du travail et l’obligation d’assurer la sécurité des employées.

« Nos maris sont innocents »

L’épouse d’un des quatre hommes, Maeva Amaru, a ensuite lu une déclaration dans laquelle elle affirme : « Je ne connais pas le droit, et nous sommes tous confiants en la justice, et nous savons que par cette décision du Procureur nos maris sont innocents. » Un raccourci qu’un juriste ne ferait pas. Les familles des quatre employés licenciés envisagent de porter plainte contre certains membres des associations de défense des droits des femmes, comme Chantal Galenon du Conseil des femmes, Irmine Tehei de l’UFFO ou Sandra Lévy-Agami de Vahine Orama : « Vos propos et vos déclarations diffamatoires dans les médias et sur Facebook ressemblent à de l’incitation à la haine (…) »

Enfin, O Oe To Oe Rima demande à la direction de l’hôtel de réintégrer les quatre hommes immédiatement, faute de quoi un préavis de grève, déjà rédigé, sera déposé demain. Il prendrait effet, a déclaré Atonia Teriinohorai, le jour même de l’arrivée prévue des candidates à Miss France, accompagnées de représentants de plusieurs médias nationaux, soit mercredi prochain, « et je vous assure que les 162 salariés qui étaient en grève au mois d’août seront là pour soutenir, » a déclaré le délégué syndical Tunia Terevaura.

 

 

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