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Violences conjugales et syndrome de Stockholm

Heifara, 23 ans, a comparu ce lundi pour violences conjugales envers sa concubine âgée de 22 ans. Des violences répétées pour lesquelles il a été condamné à six mois de prison ferme.

Ce lundi Heifara, 23 ans, comparaissait pour avoir frappé à plusieurs reprises sa concubine, Stéphanie, âgée de 22 ans. Cela fait deux ans qu’ils vivent ensemble, et depuis un an, les crises de colère de Heifara deviennent de plus en plus fréquentes. Et quand il est en colère, il tape.

Les premiers faits qui lui valent de retrouver au banc des accusés remontent au mois d’avril. Après avoir bu plus que de raison et fumé du paka, Heifara prend son kayak pour aller faire un petit tour en mer. Il prend un peu de poisson et s’endort dans son kayak. Au retour il écaille le poisson en compagnie de son cousin, en présence de Stéphanie, mais aussi de sa sœur et d’une amie de celle-ci.

« Il m’inspire la peur, j’ai cru que j’allais mourir »

Stéphanie remarque bien les regards appuyés que porte Heifara à la copine de sa sœur et lui en fait la remarque. Il lui demande alors si elle est jalouse, elle dit oui et les coups partent. Coups de poings, coups de pied, étranglement, Stéphanie ne doit son salut qu’à l’intervention d’un cousin de Heifara qui l’a retenu tant bien que mal. « Il m’inspire la peur, j’ai cru que j’allais mourir, il m’a étranglée et je ne pouvais plus respirer, heureusement que son cousin est arrivé. J’ai peur de lui, il recommencera », explique la jeune femme aux gendarmes.

Heifara quant à lui raconte que ce sont les remarques de sa concubine qui ont mis le feu aux poudres. « Elle m’a énervé avec son commentaire sur la copine de ma sœur. Ce sont des g…… et c’était trop, j’en pouvais plus de ses remarques (…)  je l’ai tapée partout, sur la figure, sur le corps, mais je ne l’ai pas étranglée », précise-t-il aux mêmes gendarmes.

Convoqué le 29 mai, il réitère les mêmes faits le 22

Suite à cela, il était convoqué pour comparaître le 29 mai au tribunal. Mais le 22 mai, Stéphanie se présente à la gendarmerie pour dénoncer d’autres faits. La veille Heifara était un peu sur les nerfs car il n’avait plus de paka. S’ensuit une prise de bec où Heifara traite Stéphanie de « prostituée » car la veille elle n’avait pas dormi au domicile familial où vivent les parents de Heifara. Stéphanie lui annonce alors qu’elle veut le quitter. Heifara part en colère de la maison et revient le lendemain matin. « Il m’a frappée pour me mettre dehors et son père est intervenu. Il a tapé sur son père, a pris un morceau de bois et m’a menacée avec. Après il m’a attrapée par la gorge et a serré. Son père est revenu avec un morceau de bois, et il m’a lâchée. Du coup, il a cassé toutes les affaires à son père. »

Au juge qui lui demande comment il explique ses accès de violence Heifara assure que « ça vient de la parole de ma chérie », quant à ce qu’il pense des tane qui frappent leur vahine, « c’est pas bien, et ça fait mal. » À la question de savoir comment il envisage l’avenir, « vous voulez rester avec elle ou bien arrêter votre relation? » il jure que « si elle veut rester avec moi, je suis d’accord, mais je jure devant toi, monsieur le juge, de ne plus la taper. »

« Pas besoin d’aller à Stockholm pour connaitre le syndrome de la femme battue polynésienne »

Alors que l’on imaginait volontiers que Stéphanie allait jurer que ‘plus jamais elle ne retournerait avec lui’ au vu des violences qu’elle a subies et de la peur qu’il lui inspire, c’est l’inverse qui se produit. « C’est de ma faute. Je dis de mauvaises choses (…) j’ai réfléchi à tout ce que j’ai fait sur lui, et je l’aime. »

Une phrase qui n’a pas pourtant pas étonné plus que cela le procureur de la République qui a fait le parallèle avec le syndrome de Stockholm.  « Ce dossier est un classicisme ici. Pas besoin d’aller à Stockholm pour connaitre le syndrome de la femme battue polynésienne. (…) Certains Polynésiens ont énormément de mal à communiquer. Le seul moyen que l’on a pour expliquer que la violence n’a pas sa place dans un couple, c’est malheureusement la répression. C’est seulement de cette manière-là qu’il y a une prise de conscience » Et de requérir une peine de 12 mois de prison dont six avec sursis et son maintien en détention. Une peine validée par le tribunal compte tenu « de la gravité et de la répétition des faits. »

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