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Violences : un cap à trouver pour endiguer le phénomène

Près de 650 personnes ont manifesté ce samedi matin contre la violence, le harcèlement et l’ice. Une courte marche avant de longs temps d’échange face à l’Assemblée. La ministre en charge de la jeunesse et de la prévention de la délinquance, Nahema Temarii, ne veut pas « chercher de responsable », mais souligne que « les sujets de politique politicienne doivent passer après l’intérêt général ». 

Heimoana Lintz a perdu son fils il y a deux mois. Addict à l’ice, le jeune homme s’était mis toute sa famille à dos avant de mettre fin à ces jours. Ce samedi à Papeete, le père de famille a, comme d’autre témoins, pris la parole devant les 650 manifestants venus protester contre la violence, l’ice et le harcèlement. Un long moment d’écoute et d’échanges, après une marche entre To’ata et Tarahoi, organisée par le collectif contre la violence de Terainui Hamblin-Ellacott. Dans l’auditoire, tout le monde connaît quelqu’un touché par les thématiques abordées. Des représentants religieux, mais aussi plusieurs élus de tout bord, presque exclusivement des femmes, ont fait le déplacement. « C’est grâce à des mouvements pareils que les gouvernements réfléchissent à apporter des solutions », salue la vice-présidente Chantal Minarii Galenon. « Toutes les institutions sont sensibles à cette thématique de la violence, il faut s’entraider, ne pas jeter la pierre à qui que ce soit, la violence n’appartient pas qu’à un parti ou une personne », poursuit-elle.

« Il est bien clair que ça ne va pas en s’améliorant, il y a un besoin que les élus se regroupent pour construire quelque chose », abonde la députée Nicole Sanquer, pour qui « il y a eu une défaillance au niveau des pouvoir publics, que ce soit le Pays ou l’État ». L’élue AHIP regrette notamment l’absence de centre de désintoxication, alors que 10 000 Polynésiens étaient répertoriés comme consommateurs d’ice en 2022 : « la construction d’une structure pour accueillir ces jeunes qui sont en perdition doit être une priorité pour demain ». Elle pointe aussi la justice, « qui devrait être plus sévère sur le sujet de la violence », et les forces de l’ordre « chez qui beaucoup de plaintes de femmes pour violences ne sont pas prises en compte ». Pour la députée, le travail doit aussi être approfondi auprès des familles : « le jeune fait ses propres choix, mais les parents doivent aussi accompagner et être à l’écoute. Il y a peut être un manque de communication. »

Le Conseil territorial de prévention de la délinquance reporté à trois reprises

De son côté, la ministre en charge de la jeunesse et de la prévention de la délinquance Nahema Temarii fait « un constat affligeant » au sujet de la violence, mais estime qu’il faut « arrêter de chercher un responsable ». Elle préfère « que l’on se rende compte tous ensemble que ça n’a pas fonctionné, qu’on soit tous d’accords pour y aller main dans la main, sans que les uns et les autres aient besoin de tirer leur épingle du jeu ». Et donne des exemples : « cela va faire trois fois que je demande à réunir le conseil (territorial) de prévention de la délinquance, coprésidé par le président, le procureur général et le haut-commissaire. Mais pour X raisons, je n’ai pas eu d’explication, on nous l’a reporté trois fois. Les sujets de politique politicienne doivent passer après l’intérêt général. Je suis convaincu qu’il doit absolument être réuni, ça devrait être le cas avant la fin de l’année », espère la jeune élue, rappelant l’importance de ce rendez-vous porté par les autorités, « qui doivent absolument donner un cap ». A l’échelle communale, certains Conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) seraient aussi peu suivis d’effets dans certaines communes. « Il y a des bons élèves, mais d’autre où je n’ai toujours pas reçu le PV et le plan d’action, un an après la réunion », tacle encore la ministre.

Diagnostic ice, schéma de la jeunesse, réflexion sur les réseaux sociaux

Malgré ces carences, plusieurs projets sont en cours pour tenter d’endiguer ces phénomènes. En ce qui concerne les stupéfiants, le futur pôle de santé mentale, qui devrait ouvrir l’an prochain, va compter une douzaine de lits en addictologie. Nahema Temarii porte actuellement un diagnostic sur l’ice, « il est en cours de finalisation et c’est flippant ». Il sera suivi d’un plan d’action, « qui va mettre le pied à l’étrier à tout le monde ». Le schéma directeur de la jeunesse doit également sortir prochainement. « Nous sommes aussi en réflexion avec le président sur la problématique des réseaux sociaux, car il y a un vrai travail à faire à ce niveau-là », précise aussi Minarii Galenon. Celle-ci évoque aussi des dispositifs scolaires face au harcèlement, des groupes de parole par exemple, et l’importance des associations de parents d’élèves. « Nous travaillons en étroite collaboration avec l’État et les associations » assure la vice-présidente, qui cite notamment l’exemple des dossiers portés avec le Conseil des femmes, comme l’extension du foyer Pu o te Hau destinée à accueillir des femmes victimes de violences.

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