Paris (AFP) – Les éditorialistes jeudi reprochent à François Hollande ses coupables hésitations qui ont abouti selon eux, au report de la visite de Vladimir Poutine à Paris.
« La diplomatie est un art subtil. De ce point de vue, François Hollande a eu tort, samedi, de se poser des questions sur le fait de recevoir Vladimir Poutine. Car on s’expose au risque d’une réponse condescendante », assène Guillaume Goubert, dans La Croix.
Jacques Hubert-Rodier, dans Les Echos, se montre virulent : « cette fois-ci, François Hollande a commis une lourde faute face à l’homme fort du Kremlin: celle de l’hésitation ».
« Une hésitation qui a fourni sur un plateau au maître du Kremlin un prétexte pour reporter sa visite », regrette-t-il.
« Les hésitations de François Hollande ont eu l’effet d’un soufflet. Prenant acte de l’affront, Poutine, lui, n’a pas tergiversé », constate Patrick Saint-Paul, du Figaro.
« L’affaire relève d’un positionnement diplomatique nuancé. Mais, en diplomatie, les nuances comptent, elles parlent », rappelle Le Monde, dans son éditorial.
Sébastien Lacroix, pour L’Union/L’Ardennais, voit dans cette affaire un « bêtisier de l’Histoire diplomatique ». Et déplore la « naïveté » du chef de l’Etat « de nous faire partager ses hésitations dans une émission de divertissement ».
« A sa manière inimitable, François Hollande avait donné le ton de l’imbroglio franco-russe. En inventant la politique diplomatique de l’interrogation dubitative, posée à soi-même et à haute voix », ironise Yves Harté, dans Sud-Ouest.
« Jamais, peut-être, on n’avait entendu un chef d’Etat exposer en public ses états d’âme et s’interroger sur un média sur son emploi du temps », s’agace dans l’Eclair des Pyrénées, Georges Valance.- ‘Reprendre le dialogue’-
– ‘Reprendre le dialogue’-
« La France a choisi une ligne ferme qui est sienne depuis le début du conflit », répond de son côté Bernard Stéphan, de La Montagne. Dans Ouest-France, Laurent Marchand abonde dans ce sens en écrivant que : « le report est opportun. Pour autant, il ne résout rien. » C’est pour ça qu' »entre Paris et Moscou, il est temps de reprendre le dialogue », lance Jean-Dominique Merchet, dans L’Opinion.
« Ce qui ne se fera pas en faisant la grimace, en s’interrogeant longuement s’il faut recevoir, ou non, Vladimir Poutine », prévient Jean Levallois, dans la Presse de la Manche.
« Condamner les bombardements à Alep et vouloir les faire cesser est tout à l’honneur de la France et de son président. Reste, évidemment, à trouver les moyens d’y parvenir. Parler vrai? Oui, sans aucun doute. Mais d’abord ne pas être aux abonnés absents », martèle l’éditorialiste.
Le Kremlin a annoncé lundi la décision de Poutine d’annuler sa visite à Paris prévue le 19 octobre, pour inaugurer un « Centre spirituel et culturel orthodoxe russe », en spécifiant qu’il rencontrerait Hollande quand son homologue français « se sentira(it) à l’aise » pour le rencontrer.
Après plusieurs jours d’hésitations à propos de cette visite, l’Élysée a fait savoir mardi « qu’une réunion de travail avec le président russe était possible sur la Syrie, à l’exclusion de tout autre événement » officiel pour François Hollande.
© AFP FREDERICK FLORIN
Le président François Hollande au Conseil de l’Europe le 11 octobre 2016 à Strasbourg