TROIS QUESTIONS – La Chine, puis l’Australie ont repéré des signaux qui pourraient être ceux d’une boîte noire. Le point sur ces (petites) avancées.
L’INFO. Dans quelques jours, l’Australie va envoyer des robots sous-marins à la recherche des boîtes noires du vol MH 370, disparu en vol. Le week-end dernier, la Chine, puis l’Australie ont en effet détecté des signaux ressemblant à ceux d’une boîte noire.
Europe 1 répond à trois questions sur cette traque aux boîtes noires qui se joue dans l’océan Indien.
Va-t-on réussir à repêcher les boîtes noires ?
L’Australie et la Chine ont repéré des signaux qui peuvent être ceux de boîtes noires, mais rien n’est sûr, prévient Bernard Chabbert, consultant aéronautique pour Europe 1. « La fréquence à laquelle les signaux ont été captés laisse penser qu’il s’agit peut-être des boîtes noires », mais ils « peuvent aussi venir de bateaux à proximité ou d’autres sources mécaniques non identifiées ».
Le seul moyen, dans ce cas, pour s’assurer de la présence des boîtes noires est d’envoyer un robot sous-marin, comme va le faire l’Australie dans les prochains jours. Car la profondeur de l’océan dans la zone de recherches rend impossible l’envoi de plongeurs. « Normalement, la portée sous l’eau des ‘pingers’, les émetteurs, est de l’ordre de deux kilomètres », explique le consultant aéronautique. Or, dans cette zone, l’océan Indien fait près de 4.000 mètres de profondeur. Mais en fonction des courants, la propagation des signaux des boîtes noires peut varier légèrement.
Ces robots, dont on peut programmer la trajectoire à l’avance, pourront traquer de nouveaux signaux et affiner la zone de recherches. Le même type d’appareil avait été utilisé pour retrouver des éléments du vol Rio-Paris disparu en vol. Mais il s’agit de chercher une aiguille dans une botte de foin. « Cela relèverait du miracle, explique Bernard Chabbert. Les boîtes noires font la taille d’un vanity case. »
Les boîtes noires seront-elles encore en état de marche ?
L’avion a disparu depuis 32 jours et les réserves électriques des batteries peuvent normalement tenir et émettre un signal pendant 30 jours. Le temps est donc compté. Mais « les batteries peuvent durer quelques heures de plus ou de moins », précise Bernard Chabbert.
Après le crash du vol AF-447, entre Rio et Paris, le Bureau d’études et d’analyses avait recommandé d’allonger la durée de vie des batteries à 90 jours. Sans effet. Il aurait fallu « redessiner toutes les boîtes noires de tous les avions de ligne du monde », soit 30.000 appareils. « Les comptables ont peut-être eu le dernier mot, en disant en somme ‘vu la fréquence des accidents, cela ne vaut peut-être pas la peine de dépenser autant d’argent pour ça’ », envisage Bernard Chabbert.
En quoi les boîtes noires pourront-elles faire avancer l’enquête ?
Chaque avion de ligne contient deux boîtes noires. L’une d’entre elles enregistre les deux dernières heures de conversation et plus largement les bruits dans le cockpit. « Ce n’est jamais qu’un mouchard », qui donnera des indices sur la partie « humaine » de la disparition et du crash du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, précise Bernard Chabbert. Les enquêteurs fouillent, de leur côté, la vie et le passé des pilotes, au centre de l’attention.
Mais si cette boîte noire était retrouvée, elle pourrait ne pas expliquer les raisons du détournement de l’appareil qui a continué à voler plusieurs heures après avoir dévié de sa trajectoire initiale.
Quant à la seconde boîte noire, elle enregistre les paramètres majeurs de l’appareil, comme la vitesse, le cap, l’altitude, la position de l’avion mais aussi l’état des moteurs. « A partir de ces données techniques, on peut reconstituer beaucoup de choses », explique Bernard Chabbert. Pour connaître l’histoire complète du Boeing, il faudrait donc retrouver les deux boîtes noires.
ACTU – Les boîtes noires bientôt repêchées ?
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