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« Votez comme vous voulez, mais sans la stabilité, on ne créera pas d’emplois »

Le président de la CPME Christophe Plée était l’Invité de la Rédaction de Radio1 ce mercredi. Alors que l’économie polynésienne profite d’une belle dynamique, le patron se dit optimiste pour 2023. Seules l’inflation – qui engendre des hausses du Smig à répétition – et les élections – synonymes de « mesures sorties du chapeau » et de risque d’instabilité – pourraient venir gâcher l’année des entreprises, estime-t-il.

De l’activité, des projets et des opportunités. Voilà ce que Christophe Plée souhaite à ses collègues entrepreneurs pour cette nouvelle année. Le patron de la CPME se veut résolument « positif », « enthousiaste » même pour 2023. Certes le Covid a « laissé les traces », des entreprises ont « besoin de se refaire », beaucoup ont la charge de leurs PGE et emprunts bancaires à assumer, mais le spectre d’une vague de défaillances post-pandémie s’éloigne : « On recréé de l’emploi, on a de l’activité, le tourisme qui reprend comme jamais draine un peu tout en ce moment, explique le chef d’entreprise. Heureusement d’ailleurs qu’on a cette belle embellie, parce qu’avec l’inflation qu’on subit, ça serait compliqué en ce moment ».

Salaires : la révision des grilles « après la tempête »

Difficile pour le gouvernement de gérer cette hausse de prix, « qui touche tout le monde » concède le représentant patronal. Mais le Pays aurait toutefois pu mieux s’y préparer : « On est resté dans notre bulle et on n’a pas vu la vague arriver. Nous, on avait prévenu le gouvernement, rappelle Christophe Plée. À l’époque d’une grève générale et de la négociation d’un protocole d’accord qui comprenait trois augmentations de Smig (en novembre 2021, ndr), j’avais dit : les augmentations vous avez pas besoin de les prévoir, elles vont débarquer ». Les quatre hausses du Smig, soit +10.6% sur le salaire minimum, en intégrant la hausse de décembre 2021, qui était un rattrapage après 7 ans de stagnation, ont « mis en difficulté » certaines structures.

Les entreprises dont les coûts dépendent principalement de la masse salariale – dans les services notamment – sont contraintes de « revoir constamment » leurs prix, pointe le président de la CPME. Faut-il remettre en question l’augmentation automatique du Smic ? Non, répond-il, mais il faut temporiser sur l’adaptation du reste des grilles. Car les salariés gagnant plus que le Smig ont bien sûr « perdu du pouvoir d’achat ». « Il faut tout refaire, mais il ne faut pas refaire pendant la tempête, explique le patron. Une fois que tout ça se sera calmé, quand on aura une inflation qui se sera calmée, qu’on sera à 1 ou 2% dans l’année, on pourra se mettre autour d’une table et refixer des grilles. Là si on avait fixé des grilles en début d’année on aurait dû les faire quatre fois ». 

La prime pouvoir d’achat, « une bonne idée… en juillet ! »

Pas question pour le chef d’entreprise de dénoncer comme d’autres l’ont fait les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre l’inflation. Les exonérations de taxes, sur les matériaux entre autres ? Elles ont bien aidé. Le « panier bloqué », mesure basée sur le volontariat des magasin et qui peine visiblement à se matérialiser ? « Ils cherchent des pistes, ils essaient de faire des choses. » La réforme des règles d’intervention sur les prix, dénoncée notamment du côté du Medef ? « À période exceptionnelle, mesure exceptionnelle ». La contribution pour la solidarité (ex-TVA sociale) ? « Tombée au pire moment », mais « nécessaire » pour « ne pas fermer la Caisse », et heureusement réduite à 1%. Quant à la « prime pouvoir d’achat », qui ne sera finalement active qu’à la mi janvier, « c’était une bonne idée… en juillet », pointe Christophe Plée. « La grande majorité des entreprises ont donné des primes de fin d’année, comme ils le font chaque année, ils ont tenu compte de la perte de pouvoir d’achat, mais ils n’ont été exonérés de rien du tout, parce qu’entre le mois de juillet et le mois de décembre, on n’a pas été capable de sortir le texte dans les temps ». Le texte permet tout de même de distribuer ces primes défiscalisées et exonérées jusqu’au 31 décembre 2023.

« Quand on veut gouverner, il faut avoir des équipes qui connaissent le sujet »

2023 c’est aussi, et surtout une année d’élections au fenua. Et dans ses voeux aux adhérents, Christophe Plée a déjà mis en garde sur les conséquences parfois négatives sur l’entrepreneuriat de ces temps de campagne, de promesses et de « mesures sorties du chapeau ». « Ça a déjà commencé avec Angelo Frebault » et ses textes sur la retraite et sur l’ancienneté. Contrairement aux syndicats de salariés, qui ont, dès le mois d’octobre, fait valoir leurs doléances dans une lettre à la présidence, la CPME ne compte pas, comme elle avait pu le faire par le passé, mettre sur la table des propositions de réformes dont pourraient se saisir les candidats. Seule interpellation pour les futurs élus : « n’augmentez pas le coût du travail, n’augmentez pas les impôts sur les entreprises, arrêtez de sortir des textes qui nous compliquent à la vie », assène-t-il. Pas de prise de position officielle pour la confédération, mais tout une même une indication : « notre opinion à nous, c’est la stabilité. Quand on veut gouverner, il faut avoir des équipes, il faut avoir des gens qui connaissent les sujets. C’est tout ce que j’ai à dire : faites votre choix, votez comme vous voulez, mais nous, si on n’a pas la stabilité, on ne bosse pas, et on ne crée pas d’emploi ».

Financer l’assurance maladie par l’impôt plutôt que par le travail

Aux futurs gouvernants, Christophe Plée demande aussi d’aller « au bout » de la réforme de la protection sociale, entamée par le gouvernement mais dont « on ne voit pour l’instant qu’un tout petit bout ». Un sujet sur lequel le représentant patronal se montre plutôt pessimiste : « Depuis 20 ans, ce sont les mêmes problématiques, les gens se soignent de plus en plus, et tous les ans, on arrive à boucler le budget, notamment à assumer le budget colossal de l’hôpital » qui souffrirait, aussi d’un manque de modernité dans sa gestion, et de certains déséquilibres entre services. Le souhait de la CPME : fiscaliser la branche maladie plutôt que faire peser son financement sur les cotisations des patrons et des salariés. Patentés, professions libérales, et autres « corporations » : « Ce qu’on veut c’est que tout le monde paie à sa juste proportion, et aujourd’hui, ça n’est pas le cas ».

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