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Warren Dexter tend le calumet de la paix au patronat

Le nouveau ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, en charge des énergies, était avec le président Brotherson l’invité de la rédaction ce mardi. Sa mission : réconcilier le gouvernement avec les acteurs économiques polynésiens, pour faire accepter des mesures de lutte contre la cherté de la vie.  S’il entend poursuivre la possibilité pour le Pays de davantage contrôler les marges et les prix, Warren Dexter promet de la concertation, et assure être pro-TDL.

Moetai Brotherson expliquait lundi qu’il avait « laissé le temps » à Tevaiti Pomare avant de se résoudre à s’en séparer. Avec Warren Dexter – jusqu’à hier conseiller en fiscalité auprès de son prédécesseur -, le président du Pays assure qu’il « n’aura pas besoin de ce temps d’observation parce je le connais depuis très longtemps, je connais ses qualités et je connais ses défauts ». De l’aveu de l’intéressé, son principal défaut serait d’être « un technicien dans l’âme » que la politique rebutait. « Peu à peu la réflexion a mûri : cette fois-ci, on va y aller, on verra bien », dit Warren Dexter qui avait refusé le poste en mai 2023.

Depuis lundi matin et l’annonce de son entrée au gouvernement, le mot-clé qui revient est « concertation ». Sans elle, les mesures visant à réduire la cherté de la vie n’ont aucune chance de voir le jour. Les organisations patronales n’ont pas fait mystère du manque de dialogue avec Tevaiti Pomare, et lundi soir quelques bouchons de champagne ont sauté à l’unisson des « ouf » de soulagement chez les dirigeants d’entreprise. Warren Dexter sera-t-il l’homme qui murmure à l’oreille des patrons ? « Oui, je pense qu’on peut amorcer une nouvelle dynamique », répond le ministre qui met en avant sa connaissance des entreprises et des hommes qui les dirigent – il a été consultant dans le privé de 2018 à 2023 après une carrière dans l’administration, essentiellement à la Direction des affaires foncières puis à la DICP.

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« Je suis partisan de la TDL »

Le premier gage donné aux entreprises, c’est le soutien à la taxe pour le développement local, très critiquée et que le premier Taui avait d’ailleurs cherché à supprimer. « J’estime qu’il y a un véritable écart de compétitivité être ce qu’on produit ici et un produit fabriqué en Chine. C’est normal qu’il y ait cette taxe protectionniste qui s’applique à l’import », dit Warren Dexter qui l’estime nécessaire « tant que l’écart de compétitivité existe, donc oui, c’est ad vitam aeternam ».

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Moetai Brotherson, qui « partage » la pensée de son ministre, dilue un peu ce baume aux oreilles des entrepreneurs : « Dans certains cas la TDL est appliquée parce qu’il y a des filières qu’on veut développer. Là où il faut se poser la question, c’est au bout de quelques années, est-ce qu’on a réellement réussi à développer une filière ? Est-ce que l’application de cette TDL a toujours un sens ? »

« Effet inflationniste » des PPN : le système de carte toujours à l’étude

Mais on le voit, le réexamen périodique de l’efficience d’une taxe ou d’une classification ne va pas de soi non plus. C’est notamment le cas des produits de première nécessité. Warren Dexter estime qu’il « faut trouver un autre dispositif », en expliquant : « les PPN, paradoxalement, c’est un effet inflationniste. Quand vous écrasez les marges sur une partie du chiffre d’affaires, la logique normale pour un chef d’entreprise, c’est de surmarger sur le reste. La personne qui n’a pas les moyens est tout content de s’acheter son PPN à un prix abordable, mais du coup, il peut plus s’acheter ce qu’il y a à côté, parce qu’il se rend compte que les prix ont explosé. Il y a des alternatives, mais les paramètres sont complexes à mettre en place. »

L’alternative, c’est « un système d’aide directe via une carte » qui bénéficie directement aux plus défavorisés. Un concept introduit par l’ancien gouvernement, repris par celui-ci et rebaptisé « Fa’atupu », mais sa mise en œuvre tarde. Moetai Brotherson explique qu’il s’agit d’un problème technique qui pourrait léser les petits commerçants.

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Contrôle des prix : « Je crois que fondamentalement, ce projet est juste »

Le projet de loi qui veut permettre au Pays de contrôler les prix et les marges des produits autres que les PPN et les PGC a été celui « qui a mis le feu aux poudres sur l’absence de concertation. Celui-là, effectivement, a fait bondir le monde de l’entreprise » reconnaît Warren Dexter. « Je crois que fondamentalement, ce projet est juste ». Mais, ajoute-t-il en évoquant des cas où les exonérations fiscales et douanières se sont traduites par des hausses de marge, le principe, c’est donnant-donnant;

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 « Ça ne veut pas forcément dire qu’on va être d’accord, poursuit le ministre. Quand on va être en désaccord, si on veut maintenir notre position, on la justifie auprès des chefs d’entreprises, même s’ils ne la partagent pas. Mais au moins, on ne fera plus les choses dans leur dos, ils seront au courant. »