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Hau Ma’ohi : « Il y a plus urgent que de parler d’indépendance ou d’autonomie »

Invitée du Quart d’heure de campagne ce matin, Pamela Otcenasek a défendu le projet du Hau Ma’ohi, « grande famille » menée par Tauhiti Nena. Pas de position sur l’avenir institutionnel, l’urgence est de remplir les caisses du Pays pour lui permettre de relancer l’économie. Pour ça, la plateforme veut impliquer la collectivité dans tous les secteurs clés, tout en promettant moins de taxes et des redistributions côté foncier.

À Hau Ma’ohi, « qu’on soit tête de liste ou en dernière position, tout le monde a son importance ». Ce serait la raison pour laquelle Pamela Otcenasek, inscrite en tant que suppléante sur la liste, est mobilisée dans les médias pour défendre le projet de la plateforme menée par Hau Ma’ohi. Une plateforme qui met en avant la diversité de ses candidats. On pourrait même parler de liste hétéroclite où on croise des personnes qui ont été, par le passé, très engagés pour l’indépendance – c’est le cas de Tauhiti Nena, qui après le Tavini, s’est affiché avec Gaston Flosse au début de sa période souverainiste – d’autres au contraire qui tiennent au lien avec la France. Quelle ligne pour le parti ? « L’intérêt général avant tout », répond la militante, un temps engagée auprès de Quito Braun-Ortega, et engagée l’année dernière dans la deuxième circonscription des législatives pour la plateforme de Tauhiti Nena. Le clivage indépendance – autonomie n’existe pas pour l’instant à Hau Ma’ohi, car le plus important c’est la population, on a 40 000 personnes sous le seuil de pauvreté, et il y a des choses plus urgentes que de parler d’indépendance ou d’autonomie ».

En attendant de s’immiscer dans ce débat, qui risque tout de même de diviser en interne, Hau Ma’ohi choisit donc le statu quo institutionnel et fixe le cap de la « souveraineté économique ». C’est dans cette optique que la plateforme de Tauhiti Nena veut renégocier avec l’État les accords de l’Élysée – futurs accords de Tahiti Nui – pour obtenir, on ne sait sur quels arguments, plus de marges de manœuvre et d’accompagnement sur certains dossiers. Par exemple celui du foncier.

Foncier : « Nous n’aimerions pas nous retrouver comme à Hawaii »

« Quand on perd sa terre, on perd son identité, on ne plus transmettre », pointe l’enseignante, qui exerce depuis plusieurs années en milieu carcéral. Et qui promet, sans rentrer dans les détails, que « Hau Ma’ohi au pouvoir demain rétrocèdera les terres qui ont été spoliées ». Le parti veut surtout agir sur les indivisions en s’appuyant sur un Groupement d’intérêt public pour la reconstitution des titres de propriété (Girtep pour la Polynésie), déjà mis en place en Corse pour faire face à l’absence de titres de propriété sur de nombreuses terres. Il s’agit aussi d’étendre à d’autres îles les interdictions de vente de terres déjà en place à Rapa ou Mai’ao. « Nous n’aimerions pas nous retrouver comme à Hawaii où les Américains ont acheté en masse, les Japonais également, et où les autochtones se retrouvent sans rien, complète-t-elle. C’est pour ça que nous allons inciter la population à sortir rapidement de l’indivision, et à plutôt louer les terres au long terme, plutôt que de les vendre ». Les « étrangers », bien plus pointés du doigt que les acheteurs locaux dans cette problématique foncière, deviendraient alors « des consommateurs » plus que des investisseurs. Quant au Pays, particulièrement providentiel dans le programme de Hau Ma’ohi, mettra lui à disposition « les terres qu’il faudra pour pouvoir développer tous les secteurs d’activités et les projets porteurs ».

 

Dans le tourisme, « le secteur privé ne sera plus prioritaire »

Pamela Otcenasek assure que sa liste a choisi un « discours de vérité », notamment sur l’endettement de la Polynésie qui a dépassé les 150 milliards de francs en fin d’année dernière. « Personne n’en parle », assure-t-elle, et Hau Ma’ohi, pour résorber ce trou dans les caisses veut investir en masse dans l’économie. Tauhiti Nena avait déjà parlé des multiples prises de participation ou de contrôle de la collectivité dans des secteurs aujourd’hui gérés par le privé : dans le transport maritime, avec un bateau géré par le Pays qui ferait des allers-retours à Auckland, dans les hydrocarbures, où la Polynésie prendrait le contrôle de l’approvisionnement et du stockage pour faire « baisser les prix », dans la banque, l’assurance, la production électrique… Et aussi dans le tourisme. « Si Hau Mao’hi arrive au pouvoir demain, nous allons investir dans deux paquebots, puisque les paquebots rapportent, et investir aussi dans la petite hôtellerie et des grands projets comme le Village Tahitien, où le Pays sera actionnaire majoritaire. Le secteur privé ne sera plus prioritaire ». Est-ce que l’administration polynésienne est la mieux placée pour gérer et faire fructifier de telles activités ? Oui, répond la candidate, qui y voit une « manière de remplir les caisses », sur le modèle de structures publiques qui « rapportent ». À titre d’exemple, elle cite Onati, certes bénéficiaires mais dont la société sœur dans le groupe OPT, Fare Rata, est, elle, largement subventionnée pour maintenir son activité. Ou encore ATN, qui n’a pu se maintenir à flot après la crise Covid que grâce à l’aide massive des autorités.

Outre les engagements sur le développement de l’agriculture locale ou le made in fenua – qui doit devenir « une obsession, un art de vivre » – l’enseignante parle du « mal profond » qui touche la jeunesse. « La population ne s’occupe pas de sa jeunesse, et la jeunesse montre son mal-être » au travers de l’abus d’alcool, de toxicomanie ou des violences qui font régulièrement la une de l’actualité. Il s’agit pour Hau Mao’hi de « proposer des formations à moyen terme pour trouver rapidement des CDI pour ces jeunes », revenir sur les CAE qui constituent une « situation précaire ». Pamela Otcenasek tient aussi à mettre en avant un projet « très important » du parti : la création d’un centre de prise en charge et d’accompagnement des toxicomanes. « Je travaille en prison, où on voit nos jeunes arriver à l’âge de 16 ans. Et ce qu’il faut savoir c’est qu’il n’y a aucun centre de désintoxication digne de ce nom en Polynésie. Le seul endroit où on traite ces jeunes, c’est le centre Tokani, qui n’est pas du tout adapté, c’est inadmissible en 2023 », dénonce-t-elle. Cette situation « nos familles en souffrent : un enfant qui se drogue qui est en grande souffrance ».

Le Quart d’heure de campagne, tous les matins sur TiareFM et Radio1Tous les matins à 8 heures jusqu’au premier tour, le « Quart d’heure de campagne » donne la parole, en direct sur TiareFm, Radio1 et notre page facebook, à un des candidats des sept listes engagées dans ces territoriales. Propositions, réactions, stratégie et alliances… De quoi vous faire votre opinion pour les scrutins 16 et 30 avril. Le programme :

  • Lundi 3 avril :                  Melody Teariki– Heiura-Les Verts
  • Mardi 4 avril :                  Tony Géros – Tavini Huiraatira
  • Mercredi 5 avril :             Simplicio Lissant – Tapura Huiraatira
  • Jeudi 6 avril :                   Nicole Sanquer – A here ia Porinetia
  • Mardi 11 avril :                 Nicole Bouteau – Ia ora te Nuna’a
  • Mercredi 12 avril :           Pamela Otcenasek – Hau Maohi
  • Jeudi 13 avril :                  Pascale Haiti – Amuitahira’a o te Nuna’a Maohi

Toute l’actualité des territoriales est à suivre sur radio1.pf et sur les ondes de Radio1 et TiareFM.

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